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Le blog de Tout n'est que litres et ratures par Roger Feuilly

Au quotidien, la cuisine selon les saisons, les vins selon l'humeur, la littérature qui va avec, les bistrots et les restaurants, les boutiques qui nourrissent le corps et l'esprit, bref tous les plaisirs de bouche et de l'âme.

Paris : à l'Atelier Vivanda, je n'ai pas été "déçu en bien" !

Akrame.jpgCher Akrame Benallal, je ne sais si cette critique sera bien reçue, mais elle vous veut du bien. En effet, je ne vous demande pas de tourner la page, mais au moins de la déchirer, de réécrire votre partition. Parce que j’ai une plaisante envie de louer vos efforts, de dresser un éloge flatteur de vos intentions qui m’apparaissent bienveillantes. Et si votre cave est bien et intelligemment fournie dans votre restaurant « Akrame », celle de votre annexe carnassière, « L’Atelier Vivanda », trouve aussi un écho favorable, avec de bien jolis crus comme le crozes-hermitage de Mathieu Barret, le petit – pas si petit – vin de pays de Bernard Grippa, « Cerise », alors que je regrette de n’y point trouver un seul vin du Beaujolais. En revanche, par ailleurs, il y aurait beaucoup à dire en votre « Atelier » qui ne paraît point être celui du maître auquel vous aspirez. Approximations et légèretés sont parmi les mamelles pas si tendres de cette table qui débute certes, mais est tant vantée par la critique que je me demande à quel aveuglement elle a cédé. N’y aurait-il pas là quelque copinage plutôt coupable ? Et n’êtes-vous pas vous-même assez perspicace pour vous rendre compte que cela bat un brin de l’aile chez vous ? Dès l’abord, je veux dire l’entrée, nous comprenons qu’il faudra payer la note du teinturier pour cause d’odeur de graillon suspecte (cuisine ouverte et mauvaise ventilation). A peine assis, autour d’un billot en bois minuscule et au coude-à-coude avec des voisins dont la conversation trouble hélas notre appétit, il fallut bien nous rendre à l’évidence : nous venions à deux avec la bienveillance de ceux qui s’attendent à passer un bon moment et notre attente sera déçue. Vous vous faites ici l’apôtre de la viande à travers celle fournie par la boucherie Metzger (bien connue à Rungis et qui sert également le nouveau restaurant de Georges Blanc à Lyon, « Le Centre »). Pourtant, cela suffit-il à nous régaler ? Rien n’est moins sûr. Boeuf d'angus d’accord, mais voilà une viande bien fade, persillée certes, mais pas vraiment rassie comme on l’aime, et du reste mal cuite, pas comme nous l’avions demandée (entrecôte XXL de 500 grammes à point au lieu de saignante et 20 euros de supplément, basse côte de 300 grammes saignante au lieu de bleu). Et que dire encore du potage Parmentier un brin brûlé, de la toute petite (mais bonne) mousse de foie, de la banalité d’une verrerie pas engageante, du service qui peine à suivre et d’une addition somme toute pas donnée (menu à 35 euros, addition à 63 euros par personne) dès lors que l’on vous quitte insatisfait ? C’est pourquoi, certaines fois, il faut non pas tourner la page, mais la déchirer. Ce n’est jamais une erreur de corriger ce qui ne va pas, même quand on est la coqueluche du Tout-Paris qui vous encense : Sacha Guitry ne disait-il pas que, dans la salle, le public n’avait pas toujours du talent ? – L’Atelier Vivanda » - 18, rue Lauriston (Paris 16e). Tél. : 01 40 67 10 00. Fermé samedi et dimanche. Jusqu’à 22 h. M° Charles-de-Gaulle-Etoile ou Kléber.

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A
Ah ! Comme il est drôle de vous lire M. Feuilly,<br /> <br /> On en revient toujours à ça ; ce côté ludique, écolo et modeste qui ne vous plaît guère.<br /> <br /> Cela fait 18 ans que je fais ce métier mais je reste dans l’attente de l’ouverture de votre restaurant que beaucoup de mes confrères ainsi que moi même pourrions prendre pour exemple sur bien des<br /> points.<br /> <br /> Au plaisir de vous recevoir à ma table où les corbeilles de pain sont absentes,<br /> <br /> Excellente journée,<br /> <br /> Akrame
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T
<br /> <br /> Ah comme il est drôle de lire les gens qui pratiquent la politique de l'autruche. Surtout, les restaurateurs qui ne supportent que d'être encensés. Chacun son métier, encore faut-il en avoir les<br /> compétences. Pour ma part, jamais je ne prétendrais pouvoir ouvrir un restaurant. En revanche, je pense savoir manger et boire, et comme je crois également savoir écrire, j'ai fait de la<br /> chronique gastronomique un métier. L'unique. Quant au côté "ludique, écolo et modeste qui ne vous plaît guère", je suis aussi ludique que vous, pas moins écolo et pas moins modeste, mais j'aime<br /> bien parler avec les gens des restaurants, et pas m'en tenir à la langue de bois, ouvrir les yeux sur ce qui ne va peut être pas, c'est-à-dire l'odeur de graillon, l'exiguité des tables et les<br /> "corbeilles" à pain en sac papier et... les viandes pas cuites comme demandées. Voilà, au plaisir d'un nouveau déjeuner.<br /> <br /> <br /> <br />
A
Cher Monsieur Feuilly,<br /> <br /> JE VOUS VEUX DU BIEN,<br /> <br /> Je tenais à vous remercier pour votre critique non pas constructive mais surtout destructive.<br /> <br /> En effet, parler de copinage avec les critiques est d’une impolitesse terrible de votre part. J’imagine donc que le fait de payer l'addition est certainement la raison de cet article.<br /> <br /> Lors de notre entrevue je n'ai pas senti que vous étiez là par plaisir mais dans l'idée de critiquer. Il est étonnant qu’un homme si fin gourmet et connaisseur du terroir français comme vous le<br /> dites, réclame au mois de décembre des haricots dans un restaurant où le concept de base est : « viandes et pommes de terre ».<br /> <br /> Il semble également que la modestie de ma petite maison ne soit pas à votre goût et que vous auriez préféré trouver des panières à pain en argent sur les tables de l’Atelier Vivanda.<br /> <br /> Je vous donne entièrement raison quant à la ventilation du restaurant ; problème sur lequel nous travaillons.<br /> <br /> A bon entendeur,<br /> <br /> Akrame
Répondre
T
<br /> <br /> Cher Akrame Benallal,<br /> <br /> <br /> Comme la parole est libre sur ce blog, je publie bien évidemment votre commentaire. Je tiens toutefois à préciser les choses : d'une part, l'addition n'a rien à voir avec les problèmes évoqués<br /> dans l'article, puisque, personnellement, j'étais invité par la personne qui m'accompagnait ; d'autre part, quand je vais au restaurant, je paie mes additions ; enfin, si vous connaissiez mon<br /> guide, "Le Feuilly", vous sauriez que ma préférence va vers les endroits de vie, plutôt les bistrots, que vers les grandes tables (dont vous n'en trouverez guère dans mon guide). Par ailleurs,<br /> puisque vous m'en donnez de nouveau l'occasion, je précise que je n'ai jamais demandé de haricots verts, mais un gratin dauphinois dont, d'ailleurs, le goût n'était pas la prime qualité (pommes<br /> de terre tranchées trop fines et l'ail... je l'ai cherché). Enfin, dernière cerise sur la critique, puisque vous parlez de panières en argent, celles du restaurant sont un monument de bêtise bobo<br /> durable : ce sont des petits sacs en papier sans doute récupérés chez votre marchand de légumes ! A quand les couverts et les verres en plastique ? Bien à vous. Roger Feuilly - PS - Tout cela ne<br /> m'empêchera pas de venir goûter votre cuisine... chez Akrame.<br /> <br /> <br /> <br />