Au quotidien, la cuisine selon les saisons, les vins selon l'humeur, la littérature qui va avec, les bistrots et les restaurants, les boutiques qui nourrissent le corps et l'esprit, bref tous les plaisirs de bouche et de l'âme.
8 Août 2014
La tendance est née aux Etats-Unis au début des années 2010. C’est le chef Nick Kokonas qui a créé le système dans ses deux restaurants de Chicago, « Alinea » et « Next ». Proposant trois cartes par an sur des bases saisonnières et thématiques, il offre la possibilité d’acheter un repas pour valable pour la saison. En décembre dernier, Kokonas a vendu pour 3 millions de dollars de tickets en une journée… A Los Angeles, un chef français, Ludo Lefebvre est une star. Associé avec deux amis dans le restaurant « Trois Mec », depuis 2013, il ne prend plus de réservations par téléphone ou internet. Il vend désormais des tickets en ligne qui sont épuisés en quelques minutes dès leur mise en vente : à 100 dollars le menu, taxes et pourboires inclus, et sans le vin, bien évidemment. Il considère que les gens prennent des billets comme pour un spectacle. Pour lui, il s’agit simplement d’un spectacle sous la forme d’un repas. C’est l’assurance-annulation à 100 % pour les restaurateurs. Désormais, les annulations de dernière minute – une plaie pour un restaurant – sont évitées. Le système fait d’ailleurs école : à San Francisco, un chef deux étoiles Michelin, Daniel Patterson, du restaurant « Coi », va le mettre en place dès la rentrée. Il explique son choix en soulignant que la meilleure gestion de la place disponible va même lui permettre d’offrir une réduction pour des billets-repas avant l’heure de pointe ou à une heure plus tardive, allant jusqu’à 25 % du prix habituel du menu (145 $ au lieu de 195 $ hors pourboires, taxes et boissons). Et, comme pour le théâtre et l’opéra, le système permet la revente du billet sur internet et pourrait aussi générer une spéculation à l’instar de ce qui se passe pour les concerts prestigieux. A l’heure actuelle en France, aucun restaurant ne s’est encore risqué à cette pratique. Mais, à n’en pas douter, elle ne restera pas longtemps dans l’ombre. Qui le premier à Paris ou ailleurs en France se lancera-t-il ?