Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Tout n'est que litres et ratures par Roger Feuilly

Au quotidien, la cuisine selon les saisons, les vins selon l'humeur, la littérature qui va avec, les bistrots et les restaurants, les boutiques qui nourrissent le corps et l'esprit, bref tous les plaisirs de bouche et de l'âme.

Monsieur Jadis au 5, rue Daunou

"Les barmen du Harry's, avenants comme des Christmas-cards, authentifiés par leurs signatures au coton perlé sur les revers de leurs pochettes blanches, comprirent qu'il fallait éloigner la mèche du baril ; ils eurent tôt fait de détourner vers des "Tom Collin's" benoîtement allongés la fougue de POpo qui la précipitait d'instinct vers un redoutable tonneau de miltonduff glenlivet dont la réputation n'était plus à faire. A côté d'elle, chaviré par le brouhaha et les vapeurs, le chauffeur de taxi plongeait des naseaux inquiets dans une chope de bière. "Jamais petit caporal ne va boire sans son cheval, avait-elle décrété en l'entraînant sous peine d'un esclandre, croyez-en la fille bien-aimée du plus grand maquignon de tout le Limousin." Elle s'escrimait par intervalles à lui retrousser les babines pour appeler l'assistance à considérer sa denture. Monsieur Jadis leur faisait un écran contre la pouossée indifférente qui dilatait les boiseries armoriées et tâchait de contenir l'impromptu de sa copine dans les limites d'une soulographie d'intérêt local. Le gin l'accompagnait au seuil de cette audace anxieuse, où il acceptait que la terre tremblât." - Monsieur Jadis, Antoine Blondin (Galllimard, 1970).

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article