Au quotidien, la cuisine selon les saisons, les vins selon l'humeur, la littérature qui va avec, les bistrots et les restaurants, les boutiques qui nourrissent le corps et l'esprit, bref tous les plaisirs de bouche et de l'âme.
26 Novembre 2013
C’est le titre d’un ouvrage galant publié en 1933 par un auteur, Berjanette, qui ne semble avoir laissé aucune autre trace. Et pourtant, il était préfacé par Curnonsky, qu’on appelait alors « Le prince des gastronomes ». On pouvait y lire : « Personne n’a mieux compris que vous tout ce que la Gastronomie peut ajouter à l’éphémère douceur de vivre, personne n’a mieux su démêler ces affinités secrètes qui unissent les joies de la chair aux joies de la bonne chère. » Ainsi en va-t-il, pour l’auteur, du vin : « Qui sait boire sait aimer. Qui sait aimer sait boire. Le séducteur qui compte sur le vin pour faire tomber la femme qu’il convoite, en l’enivrant, commet une triple indignité : envers le Vin, envers la Femme, envers l’Amour. Dans la stratégie amoureuse, le vin ne doit jamais être un piège, mais un charmant et précieux allié. Rien ne prépare mieux une jouisseuse aux caresses que la chaude persuasion d’un bourgogne de belle tenue. Le traminer d’Alsace est, lui, vin de bacchantes : son parfum de forêt éveille, entre peau et chair, les mille frissons du désir. L’anjou, câlin, ploie doucement les nuques et déclôt rieusement les lèvres. Les sauternes puissants, le château d’yquem, ce soleil, allument les plus beaux incendies – tels ceux qui embrasent et consument les hautaines pinèdes landaises. Le champagne est le malicieux corrupteur des jeunes filles. N’est-ce point lui qui fait tourbillonner les bonnets au-dessus des moulins ? Il met de petites ailes partout : au long des cils, au creux des narines, à la pointe des langues roses, au bout des doigts, aux dentelles des corsages, au bord des jupes, et… frrr, frrr, frrr… tout s’envole ! Le porto, lui, ne nous apprend plus rien. Introducteur classique des ambassades secrètes, son rôle est d’attendre et de faire attendre. La crainte du vin est-elle, pour la femme, le commencement de la vertu ? »