Au quotidien, la cuisine selon les saisons, les vins selon l'humeur, la littérature qui va avec, les bistrots et les restaurants, les boutiques qui nourrissent le corps et l'esprit, bref tous les plaisirs de bouche et de l'âme.
9 Août 2012
Le jour de Thankgiving de 1911, le 26 novembre, Harry Mac Ehone inaugura ce bar mythique. Depuis, la même famille – aujourd’hui Franz-Arthur, arrière-petit-fils - règne sur cet endroit que l’on aborde portes battantes, au « Sank Roo Doe Noo » comme le disent les Américains (le 5 rue Daunou). C’est ici que Georges Gershwin composa son fameux « Américain à Paris », que furent créer le Bloody Mary (1921), le Side Car (1931) et le Blue Lagoon (1960) parmi d’autres cocktails qui font aujourd’hui le miel des barmen dans le monde. Ceux qui célébrèrent le centenaire de la maison, l’an passé, s’appellent Sweet Lullaby, Lovetto et Harry’s Camp. Le bar astiqué, le plafond patiné, le sous-sol intimiste qui n’est guère fréquenté par les habitués, le fameux Petrifiant – redoutable « coquetèle » de quelque seize ingrédients -, le whisky pur malt en moult versions, les amateurs de cigares cubains (ah, c’était jadis !), le souvenir de Pierre Brasseur qui venait s’enivrer et qui perdure comme celui d’Hemingway, les bons vivants du monde de la politique, tout cela donne le ton de cette maison que le buveur Antoine Blondin a célébré dans son « Monsieur Jadis » (voir la chronique précédente). Depuis 1924, on y organise aussi un « straw vote », un vote de paille, pour l’élection présidentielle américaine : par deux fois seulement, en 87 ans et 26 élections, les Américains votants du Harry’s se sont trompés. Un bar comme celui-là est unique. - Harry’s New York Bar - 5, rue Daunou (Paris 2e). Téléphone : 01 42 61 71 14. Tous les jours jusqu’à 2 heures du matin (3 heures vendredi et samedi). M° Opéra.