Au quotidien, la cuisine selon les saisons, les vins selon l'humeur, la littérature qui va avec, les bistrots et les restaurants, les boutiques qui nourrissent le corps et l'esprit, bref tous les plaisirs de bouche et de l'âme.
5 Décembre 2012
La télévision fait des siennes. Mon confrère Périco Légasse animait, depuis septembre 2009, une émission sur la chaîne parlementaire "LCP" autour de la gastronomie, de l'alimentation et des problèmes rencontrés par celle-ci dans les modes de production et de distribution, ainsi que tout autre sujet sociétal autour de ces thématiques. L'émission, "Toques et Politique", respectait stricto sensus la parité, puisque, à chaque fois, y étaient invités deux parlementaires de bord opposé. L'émission fût suspendue pour cause de campagne électorale en septembre 2011. Promesse fût alors faite par le président de la chaîne, Gérard Leclerc, qu'elle reprendrait après les élections. Las, en juin 2012, il paraît qu'il n'y avait plus de crédits pour la réaliser, alors que son budget est plus que modeste. La suite, vous la trouverez dans la missive que Périco Légasse rend publique aujourd'hui. C'est sans commentaires, mais il semble bien les groupes de pression de l'agro-alimentaire ont fait jouer leurs relais. Honte à "LCP" d'y avoir cédé. - La parole à Périco Légasse : "J'animais depuis septembre 2009 une émission intitulée Toques et Politique sur la chaîne parlementaire LCP. Chaque mois, je recevais deux députés d'une même région mais de sensibilité politique différente. Après une séance de cuisine où les élus mettaient la main à la pâte, ils passaient à table, c'est le cas de le dire, où je les cuisinais tout en dégustant notre déjeuner. Intéressant de recevoir deux parlementaires et d'aborder avec eux des thématiques rarement débattues dans l'hémicyle. Tout y passait, convivialement, mais sans concessions : Que faisaient-ils, eux, en tant qu'élus d'un territoire, pour combattre la malbouffe dans les cantines scolaires, pour la sauvegarde de l'agriculture paysanne, pour limiter l'industrialisation des campagnes, pour moduler les ravages de l'agro alimentaire, pour préserver l'environnement de nos terroirs, pour freiner l'expansion de la grande distribution, pour réguler la publicité des aliments sucrés, pour favoriser l'éducation du goût à l'école, pour protéger nos artisans en voie de disparition, pour améliorer la condition des caissières de super marchés, pour soutenir l'agriculture bio, pour enrayer l'empoisonnement des sols et des cultures avec des produits chimiques, pour aider la restauration indépendante à faire face au fast-food, pour stopper la concurrence déloyale des fruits et légumes étrangers bourrés de pesticides et pour empêcher nos maraîchers de qualité de déposer le bilan, pour renforcer les contrôles publics contre la fraude à la consommation ? Autant de questions qui touchent à nos quotidiens, au bien être de nos familles et à des enjeux nationaux. L'émission fut suspendue en septembre 2011 pour "cause de campagne présidentielle", la chaîne devant réadapter sa grille de programmes. Promesse écrite me fut faite par Gérard Leclerc, président de LCP, que Toques et Politique retrouverait sa place après les élections. Las, entre temps, deux élus, Catherine Wautrin, députée UMP de la Marne et ancienne secrétaire d'Etat de Jacques Chirac, et Jean-Christophe Lagarde, député Nouveau Centre / UDI de Seine-Saint-Denis, émirent des doutes quant à l'opportunité d'une émission mêlant politique et gastronomie. Curieusement, en juin dernier, Gérard leclerc m'informait que l'émission était supprimée par manque de crédits (alors que son budget est dérisoire). Simple coïncidence sans doute. Dommage, car c'était le seul espace de télévision où des problématiques précises, jamais abordées ailleurs, ou si rarement, mais quelque peu dérangeantes, faisaient l'objet d'un débat ouvert avec des responsables politiques. Une fois de plus, c'est la malbouffe qui a le dernier mot et les citoyens qui ferment leur gueule. Je voulais porter ces faits à la connaissance du public. Vive la République !